Voilà une semaine qu’on a quitté Montréal : déjà 2956 km au compteur ! O et moi avons laissé notre appartement et Betty, notre voiture bien-aimée, est devenue notre maison pour le mois.
On a pris la route après un bain bien montréalais à la compétition de skate The Dime Glory Challenge. Je n’aurais pas pu espérer mieux pour une dernière journée : du soleil, des amis, et cette énergie vibrante. On est finalement partis tard, avec déjà une première péripétie : la clé de notre Thule brisée bien au fond de la serrure. Obligés de filer à Niagara-on-the-Lake récupérer le double chez les parents d’O. Lionel et Catherine nous ont accueillis avec une douceur et une générosité qui ont transformé ce détour en pause parfaite — jardin, sandwichs, ravito. Finalement, cette clé cassée nous a fait cadeau d’un beau moment.
Direction la péninsule de Bruce : eau translucide, roches trouées comme la Lune… et la découverte qu’il existe des serpents à sonnette au Canada (légère panique intérieure). Les nuits sont fraîches, mais le pour-over du matin et le gruau pêches-sirop d’érable compensent.
Un soir de pluie, on a opté pour un terrain de camping officiel : frisquet mais joli, randos et Abuelita chaude avant de dormir. Le lendemain, soleil et plages de sable blanc nous attendaient.
Puis, cap sur l’île Manitoulin. L’endroit vibrait fort, et il m’a fallu quelques heures pour apprivoiser son énergie. Enfant déjà, je ressentais parfois ces atmosphères, que j’arrive maintenant à apprivoiser avec plus de recul. Quand O m’a glissé au détour d’une rando qu’il trouvait l’île “hantée”, ça n’a rien arrangé ! Mais on a survécu, et apprécié cette courte escale.
Vendredi, 700 km plus loin, nous voilà au lac Supérieur. Un géant : à lui seul, il pourrait couvrir d’un pied d’eau l’Amérique du Nord et du Sud. Sa beauté m’a touchée : la couleur, la pureté, les vagues. Notre campement, isolé, faisait face à une plage magnifique. Avec un 7 degrés pluvieux, je n’ai pas osé m’y plonger car je grelotais déjà, mais nous en avons tout de même profité.

Voilà pour cette première carte postale : je vous écris en direct d’un café à Winnipeg. Après 890 km avalés hier, nous voilà (enfin) sortis de l’Ontario. Traverser le Canada en auto me fait mesurer l’immensité de ce pays, mais aussi à quel point mon attachement au Québec, à Montréal surtout, s’est renforcé ces derniers mois. Nous avons beau être “au Canada”, je ne me sens pas toujours chez moi. O, lui, trouve ça drôle : natif de Toronto, il se sent de plus en plus québécois. Mais j’ai cette soif de découvrir, j’adore aller dans des endroits que jamais nous aurons pensé être un jour.
Le Canada, c’est vaste, parfois interminable, mais souvent spectaculaire. La route réveille des souvenirs d’enfance, d’adolescence… et partager ça avec Oliver rend le tout encore plus précieux. Ce sont des images qui resteront longtemps en moi. Les gens nous sourient en nous voyant débarquer avec nos grands sacs à dos et notre air amoureux.
Avant de partir, je suis allée voir Mamie Cécile. Du haut de ses 98 ans, elle se souvenait encore de son propre voyage dans l’Ouest. Elle m’a dit : “Tu vas voir, la route est longue, c’est loin, mais c’est tellement pur. Beaucoup plus pur qu’à Montréal.” J’aime que ce soit ce qui lui reste en mémoire de son passage dans l’Ouest : la pureté.
Bisou, et à très bientôt ! N’hésitez pas à écrire dans les commentaires ce que vous aimeriez voir dans les prochaines cartes postales, ça me ferait plaisir de vous lire et de m’inspirer ! :-)
Caroline xx
♥️