Troquer le volant et le siège passager pour mon ordinateur afin de vous écrire une deuxième carte postale, en direct de Calgary. Encore plusieurs centaines de kilomètres parcourus, qui nous ont menés vers des endroits magnifiques.
Nous avons quitté Winnipeg après un matin passé dans un café et une partie de l’après-midi avec Caleb, un vieil ami d’Oliver. C’était très agréable, et découvrir un autre quartier de la ville nous l’a fait un peu plus apprécier, car le centre-ville nous avait paru plutôt peu accueillant. Mais il faut dire qu’en traversant le Canada et ses grandes villes, nous sommes souvent touchés, voire choqués, de voir autant de personnes en situation de précarité, avec de graves problèmes de dépendance. Nous avons été témoins de scènes difficiles, à toute heure du jour. On voudrait pouvoir sauver le monde, mais l’impuissance nous rattrape vite. Bref, c’est peut-être ça l’équilibre : être émerveillée par tant de beauté et, en même temps, attristée par tant de souffrance humaine.



Le soleil a finalement montré le bout de son nez et la température s’est adoucie. Après une après-midi passée entre amis, nous avons trouvé notre campement pour la nuit : une plage magnifique et interminable au bord du lac Manitoba. Après un bon souper et un splendide coucher de soleil, nous étions ravis de cette petite perle dénichée par hasard.
* Cet article est long (plusieurs photos). Il pourrait être coupé dans votre courriel — ouvrez-le plutôt sur l’appli Substack ou le site pour le lire en entier*
Après ce passage à Winnipeg, nous avons pris la route vers le parc national Riding Mountain. Un immense parc, au milieu de nulle part au Manitoba, avec des paysages splendides et son lot de péripéties. Après un excellent sandwich au Camp Cantina – joli petit déli chic du village du parc – nous avons emprunté une route de gravier pendant près de 50 minutes pour atteindre l’enclos aux bisons… qui était complètement vide. Nous avons bien fait le tour, mais à part quatre vautours affairés sur un renard mort et une dizaine de serpents (Oliver affirme que c’étaient de simples couleuvres, mais pour moi, ça reste tout aussi dégoûtant !), nous n’avons rien trouvé. Nous avons donc décidé de partir marcher un peu. Après quelques pas seulement, nous avons remarqué des crottes d’ours – dont une toute fraîche. L’excitation s’est vite mêlée à la peur : nous étions seuls au monde, et soudain, dans les buissons, à peine à dix mètres de nous, nous avons entendu le ronflement sourd d’un ours endormi. Excitant et terrifiant à la fois ! Nous avons fait demi-tour aussitôt, et je n’ai pas pu m’empêcher de dire à Oliver, en blaguant, que ma case « sécurité » de la pyramide de Maslow n’était vraiment pas remplie… Depuis, nous gardons toujours nos cloches à ours avec nous, et nous nous sommes promis d’acheter un gros bear spray bien efficace.



De retour au village du parc, nous avons dessiné au bord du lac Clear : un endroit splendide, calme et apaisant. Puis sommes ensuite repartis pour trouver notre stationnement où nous allions passer la nuit.


Le lendemain d’avoir quitté le parc national, nous nous sommes retrouvés fatigués par les heures de route et un peu déçus de ne pas pouvoir nous baigner à cause du swimmer’s itch et des algues bleues, Oliver a proposé qu’on passe la nuit à l’hôtel. Pas n’importe lequel : un hôtel avec piscine ! C’est notre deuxième arrêt à un hôtel en deux semaines, parce qu’on s’est dit qu’il était sage d’interrompre de temps en temps la vie de camping sauvage pour mieux se reposer. Le Ramada de Regina nous a offert piscine, glissades d’eau et sauna – le grand luxe ! La bonne humeur est revenue en un éclair, surtout après avoir testé la glissade jaune, incroyablement rapide. Merci Ramada !
Après une bonne nuit, un copieux déjeuner et une brassée de lavage (le luxe !), nous avons poursuivi la route. Un arrêt café au Pause Coffee – recommandé par un collègue originaire de Regina –, puis un délicieux restaurant vietnamien qui, malgré son allure modeste de l’extérieur, nous a offert l’un des meilleurs repas vietnamiens que nous ayons mangés. Avant de reprendre la route, j’ai tenu à trouver un photobooth pour immortaliser ce voyage à l’ancienne. Nous avons fini dans une salle d’arcades où, en plus des jeux, nous avons pris nos photos-souvenirs.





En fin d’après-midi, direction Medicine Hat, où nous avons dormi dans le stationnement d’un centre sportif, pour repartir tôt le lendemain vers Calgary.
Depuis hier, nous explorons la ville. Encore une fois, nous avons été frappés par l’ampleur de la crise de dépendance visible dans les rues. Dans toutes les villes et même certains villages, cette réalité nous bouleverse. Nous n’avons pas de réponse, mais simplement d’en parler entre nous et de nommer ces inconforts, ça fait déjà du bien.



Heureusement, nous avons retrouvé la famille d’Oliver à Calgary. Sa cousine et son mari nous ont accueillis avec une grande générosité : un bon repas maison cuisiné au four, un vrai lit, une bonne douche chaude… Après seulement deux semaines sur la route, on réalise à quel point ces petits conforts sont précieux. Nous profitons de deux nuits chez eux avant de partir à l’aventure dans les montagnes et les parcs majestueux de l’Alberta.



Cette fois-ci, rassurez-vous, nous sommes équipés : deux cloches à ours et comme promis, un tout nouveau bear spray bien costaud afin se défendre des ours qui désirent se remplumer avant l’arrivée de l’hiver ;)
Merci et à très bientôt !
Caroline xx